samedi 20 décembre 2008

Une p'tite saga.

Toute pitite. Dans sa version originale, 4 volumes. En france, 8 (chaque volume coupé en deux).

Hypérion.
La Chute d'Hypérion.
Endymion.
L'Eveil d'Endymion.



Synopsis :
L'Hégémonie va mal, minée de l'intérieur et en guerre contre les Extros. Dernier recours d'une époque folle, le mysticisme d'un improbable pèlerinage vers les Tombeaux du Temps, artefact incompréhensible, sur la planète d'Hypérion. En respectant un dogme de l'Eglise de l'Expiation Finale : envoyer un nombre premier de pèlerins formuler une ultime requête au Gritche, seigneur de la douleur et gardien des tombeaux. Seulement, le Gritche est bien réel, et massacre tous ceux qui approchent trop près de son repère. Et le culte grichtèque passe pour une bande de fanfanrons masochistes.
Les candidats au suicide ? Ils sont sept, choisis par l'Hégémonie et dans certains cas plus ou moins volontaires.

C'est d'la SF de très haut vol. Décortiquons le style.

Hypérion, c'est l'histoire de sept pèlerins donc. Ou plutôt, sept pèlerins nous racontent leur histoire, dans le but de déterminer quelle sera la requête faite au Gritche. Donc, sept styles de SF différents. On a tout : le classique rebelles / empire, le space opera, le conflit politique, le religieux, le cyberpunk, le post apocalyptique, le bourrin avec son flingue. Une merveille, qui amène parfois des réflexions sur l'humain assez inattendues.

Pour le cycle Endymion, je n'dirai rien si ce n'est qu'il peut être pris indépendament mais que d'avoir lu Hypérion est un grand plus. Enfin, si, cette seconde partie m'amène à parler de l'auteur. Lettre ouverte :

Monsieur Simmons, oui, vous que l'on affuble du titre de maitre de l'horreur, du suspens littéraire, avec des oeuvres magistrales comme L'Echiquier du mal, vos visions de la seconde guerre mondiale, ces Cantos... Oui vous, là, qui me faîtes pâlir d'envie rien qu'à votre style, parfois prévisible certes, mais si souvent surprenant, captivant. Je vous déteste.
Comment peut on déployer un tel sadisme vis à vis de ses personnages ? Comment, expliquez moi, on peut arriver à des scènes telles que vous les décrivez ? Comment peut on à ce point maîtriser le suspens pour faire oublier au lecteur l'évidence, le rabaché, qu'il se concentre sur le détail et tombe dans la tourmente ? J'avais dévoré Hypérion et sa chute en une nuit. Je me suis retenu de faire de même avec Endymion, mais ce fut dur.

Et que dire ce ces textes, si ce n'est le grandiose hommage que vous faites au Rimbaud rostbeef, le sieur John Keats ? Les citations placées à merveilles, les reprises de ses évocations de paysages et d'émotions, vous subjuguez par la prose autant qu'il le faisait par ses vers.
Sans compter vos réflexions sur la religion, votre philosophie de l'humain, la transcendance de l'émotion, des caractères d'un idéal romantique, revendicatif, et simplement beau.

Bref, lecteurs égarés ici, j'arrête de m'étendre sur ce sujet, j'en ai pour trois nuits au moins. Je ne peux conclure qu'en vous recommandant chaudement de vous perdre dans la Voie lactée d'après la disparition de la Terre, dans ces voyages philosophiques et poétiques merveilleux. Attention, âmes sensibles, certains passages à la pureté parfaite risquent de vous submerger. De même que les passages de gros bourrin boucher, mais ça c'est moins grave.

Allez, tous à vos libraires, ça vaut le coup. De la Sf comme on aimerait en voir plus souvent.




PS : On peut aisément faire un parallèle entre les Cantos d'Hypérion et Les guerriers du Silence de Pierre Bordage, mais les thèmes ne sont pas tout à fait les mêmes, ni la vision du monde et de l'humanité, ni le style. Vous pouvez lire Bordage aussi c'est bien, mais j'y ai largement préféré Dan Simmons.